Le Théâtre de La Criée et Radio Grenouille ont proposé aux internautes d’inventer une fable à partir de la phrase « L’oiseau qui avait enterré sa mère dans sa tête ». Nous en avons reçu sept que nous publions chaque jour.

 

«Promets-moi » avait-elle soufflé…

«Promets-moi » avait-elle soufflé, « promets-moi que tu chanteras pour moi chaque lundi». « Oui, promis ».
La mère était morte le sourire au bec. Le Fils oiseau a pleuré :
il pleurait sa mère bien sûr, mais il pleurait aussi ses voyages. Terminé tout ça : fidèle à sa promesse, il allait chanter tous les lundis sur la tombe de sa mère. Mais il se languissait de toutes ces terres et ces ciels à découvrir.
Un jour il est parti quand même, mais la voix de sa mère sifflait toutes les nuits « Tu as promis, tu as promis ! », l’empêchant de dormir. Epuisé, il est rentré au pays.
Un jour il a eu une idée : « et si je la porte toujours dans mon cœur, je pourrai chanter pour elle partout où je vais, non ? » Il a aussitôt déterré les ossements de sa mère et les a placés dans son cœur.
Mais elle se plaignait toute la journée : « Quand tu voles, je ne vois que la terre, je veux voir le ciel. »
Alors il a mis les os de sa mère dans ses ailes, mais elle râlait encore : « Je ne vois que le ciel, je veux voir la terre. » Il a alors enterré sa mère dans sa tête, tout au bout du crâne. « Ah, ici je peux voir le ciel ET la terre, c’est bien ».
La mère s’est tue pour toujours et le fils oiseau a repris ses voyages, chantant pour sa mère chaque semaine partout où il allait.

Domitille Germain