Le Théâtre de La Criée et Radio Grenouille ont proposé aux internautes d’inventer une fable à partir de la phrase « L’oiseau qui avait enterré sa mère dans sa tête ». Nous en avons reçu sept que nous publions chaque jour.

 

Le dromadaire et l’oiseau

L’Amour avait disparu de la terre.
Alors l’oiseau qui avait enterré sa mère dans sa tête dit au dromadaire qui passait par là :
« Dis, toi, où vas-tu ? J’ai besoin que tu m’emmènes près de la source dans la montagne. Les Hommes n’ont plus d’espoir. Je dois les aider. »
Le dromadaire acquiesça et l’oiseau s’installa entre ses deux oreilles.
Ils marchèrent longtemps dans le désert. Trois jours et trois nuits.
Une fois arrivés, l’oiseau dit :
« Attends-moi ici. Je dois rencontrer la déesse de la source magique.»
La déesse l’attendait, avait préparé un élixir.
« Tiens, dit-elle. Prends-en soin. N’en perds pas une seule goutte. Je sais que tu as fait un long voyage mais tu dois chanter pour moi maintenant. Tu dois chanter toute la nuit.»
L’oiseau prit sa plus belle voix, sortit ses plus belles plumes et entama un long chant triste qui disait toute la souffrance des hommes et tout leur espoir. La déesse s’endormit. L’oiseau siffla. Le dromadaire se releva. Ils avaient le cœur léger. Le retour serait rapide. Ils amenaient une bonne nouvelle.
Quand l’oiseau arriva près de la ville, il vit la source qu’il cherchait. Il n’avait plus qu’à vider le flacon. L’eau redeviendrait claire. Les Hommes auraient à nouveau les yeux qui brilleraient. Il exécuta la prophétie. Les Hommes s’approchèrent, tendirent leurs lèvres sèches. Burent. Se remirent à sourire et partirent en chantant dans les rues.
L’oiseau et le dromadaire ne se quittèrent plus jamais.

Sabine Normand