C’est un sms reçu de Jean-Baptiste, régisseur général pour la radio, sur le projet de la conférence transmédia du 29 mars. Un texto en réponse à une de mes nombreuses questions :

– Quand Ibrahima Koïvogui, Directeur du Bureau d’Entraide au Développement à Conakry pourra-t-il tester la connexion skype ?
– « A 18h… quand il aura l’électricité ».

Ce court message rappelle à la fois la fragilité et l’inégalité du projet que nous menons avec le Théâtre de la Criée. D’un côté en France, au Théâtre de la Criée, une machine de guerre avec 5 régies pour la conférence-spectacle, la radiodiffusion et la vidéodiffusion en stream sur le web, et de l’autre côté, en Guinée, une desserte irrégulière en électricité.

Tout et rien. Comme il y a des riches et des pauvres. Comme il y a des vainqueurs et des vaincus. Inutile de bavarder sur les raisons de ce partage, nous les connaissons que trop. (À écouter à ce sujet l’émission sur l’histoire contemporaine de la Guinée-Conakry ici )

Bien sûr, il nous faudra composer avec ce réel, le peu d’espoir qu’il autorise d’établir une communication le soir de la conférence avec Ibrahima Koivogui et les étudiants en sociologie de l’université de Conakry. Mais quoi qu’il en soit, la parole d’un Guinéen résonnera samedi soir au Théâtre de la Criée, sur les ondes et sur le web. Celle de N’Fassory Bangoura, paysans soussou de La mangrove au sud de Conakry. Nous entendrons le récit qu’il a patiemment déposé sur 193 pages. Deux cahiers d’écoliers où il retrace deux ans de la vie d’un paysan soussou.

 

37 ans, père de six enfants, N’Fassory n’est pas un lettré. Il livre ses doutes, ses états d’âme, ses colères. Description de son quotidien, de sa famille, des sages des « blancs », de son village Wonkifong et du hameau dans lequel il vit.

 

« Plutôt qu’un long texte, fait de paragraphes respectant la logique d’un plan, ce sont de petites strophes, pareilles aux sourates, parfois proches des poèmes japonais, les tankas, ou de leurs successeurs, les haikus, aux règles moins strictes. Les phrases sont rythmées. C’est un texte qui se lit, qui se dit, se raconte. (…) C’est un quotidien décrit de façon brute, cruelle et réaliste. » P. Geslin.