« Je suis le Ténébreux, – le Veuf, – l’Inconsolé,
Le Prince d’Aquitaine à la Tour abolie :
Ma seule Etoile est morte, – et mon luth constellé
Porte le Soleil noir de la Mélancolie. »
Astre et désastre, voilà ce à quoi nous faisons face devant le film Sol Negro de Laura Huertas Millan présenté au FID cette année -et récompensé d’une mention spéciale- dans la catégorie compétition française.
Laura Huertas Millan construit un récit familial, un choeur de femmes -la réalisatrice, sa mère et sa tante, Antonia- raconte l’histoire, celle d’une famille où la scène du suicide se rejoue de génération en génération.
Le soleil noir, à l’image d’Antonia, chanteuse lyrique dont la voix déploie toute la puissance du chant du cygne brisé dans un halètement, une respiration, cristallise l’esthétique du film.
Mais comment déconstruire les mécanismes de la machine et repenser l’histoire?
La matière autobiographique / Ecrire à plusieurs voix : chant et improvisation ou le souffle du réel / Penser la mélancolie : s’émanciper de la lignée dite maudite. / Penser la tragédie, avec, et au delà du Romantisme. / La fiction, laboratoire d’empathie : en filmant les corps, tenter de déconstruire les images préfabriquées de la femme qui nous sont souvent présentées comme des figures imposées.
Lise Weiss