Entretien avec Gilles Grand, programmateur du cycle La java de la source dans les Ecrans parallèles
Par Emmanuel Moreira
– Si vous dites que le dialogue est l’objet du film, cela ne me gêne pas.
– C’est ça, le dialogue est l’objet du film, j’en suis sûr.
Elle et lui dialoguent et le film est titré La Musica (1967). Bien plus tard, elle et lui, un autre couple, se retrouvent très peu et le film est titré India Song (1975). La source, celle qui a donné l’air de java composé par Jean-Christophe Marti n’est pas ici, mais dans un autre ouvrage de Marguerite Duras, L’amant de la Chine du Nord (1991), cette fois-ci, le livre et le film ne portent pas la même signature. « La java de la source » est le titre donné à l’écran parallèle dédié au son de cette 25e édition du FIDMarseille. Les mots, les intonations, les sons et la musique tentent ici de précéder les images comme s’il était possible d’ignorer leur propre vitesse de déplacement dans l’air. La musique est souvent comparée à une langue, à un langage, à une particularité qu’il s’agirait d’écouter ici ou là. S’il y a bien parfois un système propice à l’émergence d’une mélopée, ou d’une polyphonie, celui-ci n’est seulement précieux que pour certains attentifs aux subtilités de l’édifice. Pour chacun, la musique est évidemment tout ce que les mots ne disent pas, chaque complément intensifiant l’énoncé, chaque ajout contrariant le propos, chaque détour restreignant l’intention, chaque ornement variant l’adresse, chaque folie balayant l’évidence ; Découvrir à la volée les qualités singulières d’un instant.
Gilles GRAND